Exposition L’Enfer de la Bibliothèque: Eros au Secret- Bibliothèque Nationale de France

Du 4 décembre 2007 au 2 mars 2008, la Bibliothèque Nationale de France – site François-Mitterrand qui se trouve quai François-Mauriac à Paris XIIIe, organisait une exposition exceptionnelle (mais interdite aux moins de 16 ans), consacrée à la littérature érotique et pornographique des collections nationales.


Dans les années 1830, les ouvrages imprimés dits « contraires aux bonnes mœurs » publiés sous le manteau, poursuivis ou condamnés, sont séparés du reste des collections de la Bibliothèque royale et rassemblés afin de constituer une section distincte intitulée « Enfer » et conservée à la Réserve des livres rares. Quelques années plus tard, le cabinet des Estampes procède à l’identique.
Dès lors, l’Enfer devient un lieu mythique, objet de toutes les curiosités et de tous les fantasmes. Pour la première fois, la Bibliothèque nationale de France expose cette part obscure de ses collections et lève le voile sur l’Enfer.

A travers plus de 350 œuvres, un double parcours était offert au public. L’un explorait le contenu de l’Enfer : quels sont les livres, les documents, les images que l’on a classés là ? L’autre concernait son histoire : comment l’Enfer s’est-il constitué au département des Imprimés et au département des Estampes ? Comment a-t-il évolué ?
« Avec l’Enfer, nous entrerons dans la littérature telle qu’elle n’est pas enseignée », annoncaient les commissaires de l’exposition qui ajoutent : « de l’Arétin aux romans libertins du XVIIIe siècle, nous nous aventurerons dans un monde imaginaire où les personnages obéissent à toutes les fantaisies du désir ; avec Sade, nous accéderons à la volupté quand elle s’accorde avec le
crime ; nous ferons entendre l’excès de la parole pamphlétaire, quand le discours politique devient pornographique. Nous nous engagerons dans le monde de l’anonymat, du pseudonyme, des fausses adresses, des dates trompeuses. Un regard sur l’édition clandestine, plus précisément aux XIXe et XXe siècles, permettra d’entrevoir ses réseaux et ses supercheries ».
Outre Sade, plusieurs grandes figures de la littérature rythmèrent l’exposition, tels Guillaume Apollinaire, à l’origine, en 1913, du premier catalogue imprimé de L’Enfer de la Bibliothèque nationale, Pierre Louÿs, Georges Bataille ou Pierre Guyotat, mais aussi quelques autres, acteurs méconnus ou à jamais anonymes de la célébration de l’érotisme et du sexe.
Une large place fut offerte aux premières manifestations de la photographie pornographique ainsi qu’aux estampes japonaises, entrées à la Bibliothèque grâce à la générosité des premiers collectionneurs occidentaux.
Pénétrer dans l’Enfer de la Bibliothèque, c’est plonger dans l’atmosphère des lieux clos, celle des couvents, des boudoirs, des bordels, des prisons mais aussi des bibliothèques.