Pourquoi la relation toxique est-elle addictive?

Que l’on souffre de la relation toxique ou que l’on en observe une de l’extérieure, on se pose cette question. La réponse pourtant tient en deux mots : renforcement intermittent. Normalement, nous sommes motivés au travers de la méthode du renforcement continu : une même cause (comportement, action, mot) produit toujours le même effet (encouragement, remerciement, caresse). La manipulation devient pourtant bien plus puissante lorsque l’on introduit la notion d’aléatoire.

Après des débuts merveilleux où le partenaire montre de l’attention et de l’affection à l’excès, progressivement, très subtilement, son comportement change, espaçant les signes d’attention, les prodiguant de façon occasionnelle, de manière totalement imprévisible. En faisant cela, il crée une frustration, une incompréhension et une recherche accrue de l’effet que l’autre n’a pas obtenu alors qu’il (elle) a fait ce qu’il fallait jusqu’à présent pour cela. Le premier effet est une perte de confiance en soi, mais pas seulement. La recherche du résultat désiré devient obsessionnelle et l’on rentre dans une forme de dépendance. Lorsque l’on obtient enfin à nouveau le résultat recherché, le soulagement ressenti est équivalent, dans le cerveau, à un shoot de cocaïne et leurre celui-ci en lui donnant l’impression qu’il s’agit d’amour. Quant au partenaire, le voilà maintenant dans une position de toute-puissance. Et c’est le cercle vicieux : l’un perd de plus en plus confiance en lui et se rend de plus en plus dépendant de celui qui justement lui fait perdre sa confiance en lui.

D’où l’importance d’être conscient de la dynamique de la relation amoureuse (ou autre !) dans laquelle on se trouve. S’il y a insécurité émotionnelle, souffrance, sensation d’affamement, c’est que c’est un piège.

En ce cas, il ne faut pas parler de relation mais de dépendance. Or, rompre une telle relation, c’est aussi violent qu’un sevrage. « Des neurotransmetteurs comme le cortisol, l’adrénaline, la noradrénaline ont été produits à très hautes doses pour faire face au stress occasionné par le comportement du partenaire et agissent comme la cocaïne » (Johanna Hani, thérapeute).

Il est alors impératif d’avoir du soutien, de l’accompagnement et surtout de l’indulgence envers soi-même. On est victime et on a le droit d’être aimé sainement, sans maltraitance. Dans une relation toxique, « la seule victoire, c’est la fuite » (Napoléon).